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La vie religieuse et intellectuelle des moines de Grandpré
Les moines suivaient donc la règle de Cîteaux basée, comme on l'a vu, sur la Charte de Charité.
Les Cisterciens vivent seuls avec Dieu, priant, jeûnant et travaillent sous son regard.
Le site de Grandpré, favorise la solitude et le recueillement de la communauté, fidèle à la règle cistercienne et aux enseignements reçus à Villers.
Les religieux de Grandpré s'efforcent de réaliser l'idéal de leur vocation par l'accomplissement des exercices religieux quotidiens, par le chant des heures liturgiques, par le travail manuel, par leur intervention dans le ministère paroissial, par leur charité à l'égard des pauvres et des malheureux. Dans la nourriture, le vêtement, le sommeil, dans toute la manière d'être, le Cistercien est soumis à un régime austère.
Une nourriture pauvre, composée presque uniquement de légumes, d'huile, sel et d'eau garnit la table. On ne prend que deux repas par jour, vers midi et vers six heures et du 15 septembre à Pâques, un seul repas est de règle.
La nuit se passait dans un dortoir commun. Les lits ne consistaient qu'en une simple paillasse étalée sur une planche.
La devise de l'abbé Defrenne "Delectamur in umbra" et le millésime 1772 que l'on voit sur le portail actuel de l'abbaye apparaissent comme le signe de la fidélité de Grandpré à l'esprit cistercien.
En ce qui concerne la vie intellectuelle des moines de Grandpré, nous nous contentons de rapporter ici ce qu'en dit R. Blouard, dans son ouvrage sur Grandpré : "La communauté de Grandpré comptait en moyenne 12 à 15 religieux et quelques frères convers. On ne peut dire qu'il se révéla-, parmi les moines, des éléments de très grande culture intellectuelle ou artistique. Quelques-uns firent des études supérieures à l'université de Louvain. Ils possédaient une riche bibliothèque composée, principalement semble-t-il, de livres d'ascèse et de mystique, de quelques exemplaires de
"Vitae", mais il ne paraît pas qu'elle fut pour tous un instrument de progrès notoire dans les sciences, la littérature et les arts," (R. BLOUARD, Grandpré, p. 23)
La fondation et les premières années de Grandpré ressemblent à 1'histoire de beaucoup d'autres abbayes cisterciennes de notre pays : de grange elle devient abbaye ; sans jamais faire parler d'elle, l'abbaye vit calmement et "sans histoire" jusqu'à la révolution française, où elle disparaît dans la tourmente.
Evidemment, lorsque la bonne marche de l'abbaye est assurée, on ne peut rien signaler... Or, en fait, pendant les 650 ans de la vie monastique de Grandpré, on n'y connut seulement que quelques années de troubles, et l'on doit dire que, sans être exemplaire, la vie des moines fut certainement édifiante.
La cause principale de ces difficultés trouve son origine dans le fait que l'abbaye fut très peu peuplée, nous l'avons vu. Or, les religieux devaient choisir leur abbé, ou bien l'un d'entre eux, ou bien un moine de leur maison-mère. Et comme le nombre de personnes capables était très restreint, on devait souvent faire appel a des religieux d 'autres abbayes cisterciennes. C'est alors que des mentalités différentes s'affrontèrent et que les conflits éclatèrent.
C'est ainsi qu'au 14ème siècle, la succession d'Henri de Faux, qui devint abbé de Villers en 1330, posa de graves problèmes. En effet, Désiré de Brigode, alors prieur de Villers lui succéda à Grandpré et deux ans plus tard à Villers.
Ce mouvement a du entraîner la crise qui éclata ouvertement en 1356 lorsque Alard de Saint-Amand était en conflit ouvert avec Rome. Alard était un intrus et il fallut toute l'autorité du Pape, de l'évêque d'Utrecht, de l'abbé de Saint-Laurent de Liège et du doyen de Sainte-Gudule de Bruxelles pour faire accepter la nomination de Herman de Villers et 1'écartement d'Alard de Saint-Amand. Des documents relatifs à cette affaire se trouvent aux Archives Vaticanes.
Il y eut encore une crise semblable, au XVIème siècle avec la nomination de François Belfroid, prieur de Villers, qui n'eut pas les capacités requises pour la charge abbatiale. Son successeur Pierre Emmens, voulut alors résoudre les problèmes, presque par la force, en imposant quelques frères convers de Nivelles qui accaparèrent le temporel de l'abbaye et dillapidèrent une partie des revenus de Grandpré.
(Le paragraphe est inspiré en partie de "Grandpré", Abbaye Cistercienne Rochefort 1978)
Au XvTIIème siècle, les Hollandais ont dévasté et incendié la plupart des bâtiments de l'Abbaye.
Il faut mentionner, dans un autre contexte, l'abbé Etienne Defrène ou Defrenne, élu en 1761 et qui fit restaurer le porche, avant de mourir à Namur en 1774.
Le dernier abbé, Robert Englebert, eut la douleur de voir la suppression de son abbaye et la dispersion des religieux, dont quelques-uns restèrent toutefois à Grandpré jusqu'en 1808 ou 1809. Les biens des religieux furent alors inventoriés, et plus tard vendus à des particuliers.

En ce qui concerne la fin de Grandpré, nous reprenons ici ce qu'en dit R. Blouard, et nous lui laissons la responsabilité de ses affirmations : "Pendant la Révolution, le monastère vécut les horreurs de la furie déchaînée ; ni
la tradition orale, ni les archives ne parlent de destructions totales et systématiques, il y eut surtout pillage de la part des étrangers et des habitants de l'endroit qui, au dire des vieilles gens, étaint heureux de profiter de l'événement pour "récupérer", pendant l'exode des moines, une partie des prestations en nature, en vivres,qu'eux et leurs ancêtres avaient dû fournir à l'abbaye ; on peut dire, à leur décharge, qu'ils sacrifiaient aux idées nouvelles que la Révolution répandait dans les masses, par la persuasion et par la force."

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General update: 19-01-2012 07:54
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